En Allemagne, la Basse-Saxe ne recommande plus de trains à hydrogène, pas assez compétitif
09/08/2023
L’autorité des transports de l’État de Basse-Saxe (LVNG), en Allemagne, s’était distinguée en août 2022 en inaugurant le premier train de passagers au monde alimenté par une pile à hydrogène. L’Union européenne l’avait récompensée pour cette initiative, au nom de ses objectifs climat. La moitié des trains régionaux européens carburent encore au diesel et ont rejeté 3,9 millions de tonnes de CO2 dans l’atmosphère, en 2019.
Remplacer le diesel
Malgré l’enjeu et les trophées, l’entreprise publique de Basse-Saxe vient de changer de rails sans crier gare. Fini l’hydrogène jugé moins rentable que l’électrique, selon sa dernière étude de marché. La LVNG continuera de chasser le diesel – la fin est prévue pour 2037 – mais déploiera dorénavant des trains électriques. Son prochain appel d’offres, à l’automne, concernera 102 trains et l’électrification complète de la ligne Osnabrück – Oldenburg, à l’ouest de Brême et de Hanovre.
« Jusqu’à 80 % plus cher »
Trop cher le train à hydrogène ? Oui, et même jusqu’à 80 % plus cher que les options électrifications des lignes et train hybride à batterie
, selon la conclusion d’une étude commandée par un autre État allemand, le Bade-Wurtemberg, au sud du pays. Le ministère des Transports cherchait la meilleure solution pour seize tronçons de lignes régionales non électrifiées.
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Le puissant Ningdong chinois
Alstom n’est pas le seul industriel à miser sur l’hydrogène. Il y a des projets sur les rails en Inde, au Japon, ou en Chine, qui prétend disposer du train à hydrogène le plus puissant au monde, avec son moteur Ningdong
, capable de transporter 270 kg d’hydrogène liquéfié, de rouler huit jours en autonomie et faire le plein en deux heures.
Les promesses du puissant moteur Ningdong, en Chine.
Cependant, plusieurs spécialistes des nouvelles énergies propres qualifient le revirement de la Basse-Saxe de nouveau revers pour l’hydrogène
. Cette alternative commence à ressembler à une bulle économique
estimait déjà en octobre l’analyste britannique Michael Liebreich, jetant un froid à l’ouverture du Congrès mondial de l’hydrogène à Rotterdam.
De l’hydrogène issu du gaz
En 2022, plusieurs études pointaient du doigt les difficultés de passer de l’hydrogène gris (produit essentiellement à partir du gaz, en Allemagne) au vert, issu des énergies renouvelables. Si les transports (maritime, train…) l’utilisent massivement, il faudrait cinq fois plus de capacité d’énergie éolienne et solaire que celle déjà installée. La compagnie Shell qui fanfaronnait sur l’ouverture de trois stations-service d’hydrogène au Royaume-Uni, en 2019, vient de les fermer en toute discrétion.