Voitures électriques. Faut-il craindre une pénurie de batteries ?
20/04/2022
Depuis l’année dernière, la pénurie des semi-conducteurs, ces puces électroniques complexes à fabriquer, sème une sacrée pagaille dans l’industrie automobile. Elle provoque parfois des fermetures provisoires d’usines, engendre des délais de livraison à rallonge ou pousse les constructeurs à supprimer certains équipements. Mais il y a un autre composant crucial qui pourrait bientôt venir à manquer, au plus mauvais moment. Alors que les ventes de voitures électriques commencent enfin à décoller, certains patrons et analystes mettent en effet en garde sur le risque que la production de batteries soit incapable de suivre cette progression de la demande. En quelque sorte, cela reviendrait à fabriquer des modèles thermiques sans réservoir de carburant ! Inconcevable.
Elon Musk, P-DG de Tesla, est l’un des premiers à avoir évoqué cette menace, il y a quelques semaines. Mais c’est son rival de la start-up américaine Rivian, RJ Scaringe, qui se montre le plus alarmiste. Dans une interview accordée au Wall Street Journal, il affirme en effet que « les semi-conducteurs ne sont qu’un petit amuse-bouche par rapport à ce qui nous attend avec les batteries dans les deux prochaines décennies » . Une déclaration qui complète ses propos tenus auprès de CNBC : « La plupart des pays du monde vont arrêter de vendre des voitures à moteur thermique. L’échelle de ce changement est difficile à apprécier. » D’après un rapport de l’Agence européenne de l’énergie (IEA), les ventes de voitures électriques dans le monde ont déjà triplé entre 2019 et 2021, pour atteindre 6,6 millions d’exemplaires. Mais cela reste une goutte d’eau face aux 78,837 millions de véhicules qui auraient été écoulés sur la planète l’an dernier, selon les estimations du cabinet Inovev.
La principale source d’inquiétude provient des matériaux utilisés dans les batteries actuelles, qui font le plus souvent appel à une chimie de type lithium-ion. La guerre en Ukraine a notamment ravivé les craintes autour du nickel, un métal dont la Russie est le troisième producteur mondial, poussant ses cours vers le haut. Elon Musk s’est également alarmé des prix du lithium, parvenus à des « niveaux insensés ! Tesla pourrait finalement avoir à se lancer directement dans l’extraction et le raffinage, à moins que les coûts ne baissent. Il n’y a pas de pénurie de cet élément à proprement parler car il est à peu près partout sur terre, mais sa vitesse d’extraction et de raffinage est lente ». Quant au graphite, utilisé pour fabriquer l’anode des batteries et majoritairement fourni par la Chine, l’agence d’information spécialisée Benchmark Mineral Intelligence estime que la demande pour ce matériau va augmenter de 18 % en moyenne chaque année jusqu’en 2030 et qu’il risque d’être impossible de suivre cette croissance.
Dans ce contexte, le recours à d’autres chimies que le lithium-ion pourrait permettre de réduire les tensions. Testa a ainsi choisi d’équiper les versions d’entrée de gamme des Model 3 et Model X avec des batteries lithium-fer-phosphate, sans cobalt ni nickel. Des accumulateurs qui ont aussi l’avantage de mieux accepter une recharge à 100 % et d’être moins onéreux, mais qui perdent en densité énergétique. Il leur faut prendre plus de poids et de place pour permettre d’obtenir la même autonomie qu’avant. Les batteries solides, promises pour la fin de la décennie et souvent annoncées comme le futur de la voiture électrique, promettent aussi d’être moins gourmandes en métaux rares. Mais, alors que les constructeurs automobiles sont de plus en plus nombreux à vouloir se doter rapidement de « gigafactories » afin de produire leurs propres batteries, ils vont aussi devoir veiller à éviter que ces usines ne soient privées de tous les matériaux dont elles auront besoin pour fonctionner.
La source:Voitures électriques. Faut-il craindre une pénurie de batteries ? (largus.fr)